Juste une petite phrase noyée dans un long (long) discours de politique générale. Michel Barnier veut simplifier le DPE. Pourquoi ? Comment ? Ça, il faudra attendre pour en savoir plus. Mais il n’en fallait pas davantage pour alimenter les fantasmes les plus extravagants. On calme les ardeurs, ne rêvez pas, le diagnostic n’est pas prêt de disparaître, et on vous explique pourquoi.
Parce que c’est une obligation européenne
Qu’on le veuille ou non, on ne peut pas faire sans le DPE. On ne discute pas, l’Europe exige que chacun des Etats membres ait un Certificat de performance énergétique (CPE) obligatoire à la vente et à la location. Et la directive européenne va assez loin dans ses exigences : le CPE doit comporter une estimation des émissions de gaz à effet de serre, des consommations énergétiques, prendre en compte les différents usages (chauffage, ECS, éclairage…), etc. Bref, le CPE est plutôt bien encadré par l’Europe. CPE ?!?! En France, on l’a appelé DPE, mais on parle bien de la même chose.
Parce que réchauffement climatique
Réchauffement climatique, ça vous parle ? Un peu on imagine. Eh bien, le DPE est sans doute un des meilleurs outils pour lutter contre le réchauffement climatique. On le rappelle, le bâtiment est (de loin) le premier poste de consommations énergétiques dans notre pays, et aussi un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre. Bref, il a de gros efforts à fournir pour réussir sa transition énergétique. C’est là que le DPE intervient. Mine de rien, depuis son apparition en 2006, la petite étiquette énergétique s’est révélée une super arme pour sensibiliser les ménages d’abord à la performance énergétique, ensuite à la rénovation de leur logement.
Parce que les comportements ont évolué
On en sait quelque chose, nous diagnostiqueurs. Ça, pas de problème, le DPE est bien connu, archi connu même, avec des propriétaires de plus en plus sensibles à son étiquette. Au point parfois d’oublier de nous demander les autres diagnostics. Ah bon, il y a d’autres diagnostics ? Passons. Forcément, quand on achète ou on loue un logement, on a tendance à éplucher le DPE. Tout le monde a bien compris qu’une mauvaise étiquette était synonyme de factures élevées et de rénovation énergétique. Le DPE est bien entré dans les mœurs, et ce sera difficile de faire sans désormais.
Parce que ce serait casser la dynamique
Longtemps en panne, la rénovation énergétique a accéléré la cadence. Ne cherchez pas, la loi Climat et résilience y est pour beaucoup. Depuis 2021, on n’a jamais autant parlé de DPE et de rénovation. Et les nombreuses enquêtes sur le sujet le montrent bien volontiers, même s’ils ne savent souvent pas comment la financer, les Français ont souvent intégré la nécessité de rénover leur logement. On dit merci qui ? Eh oui, le DPE y est un peu pour quelque chose (en toute modestie). Et maintenant que la machine est lancée on va casser cette belle dynamique ? Ah non, ce n’est sans doute pas parfait, mais nous sommes sur le bon chemin.
Parce que le DPE n’a jamais été aussi fiable
Soyons honnêtes, le DPE n’a pas toujours bonne presse. Depuis trois ou quatre ans, on ne compte plus les enquêtes à charge à la télé, dans la presse ou sur internet. On ne compte plus également le nombre d’évolutions apportées au diagnostic (la dernière remonte à juillet). Bref, grâce aux corrections incessantes de la méthode de calcul, grâce aussi à la professionnalisation de notre filière, le DPE n’a jamais été aussi fiable qu’aujourd’hui.