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Moins connue que la pollution extérieure, et pourtant plus redoutable. Les experts estiment que l’air intérieur est souvent bien plus pollué que l’air extérieur. Logique, car à la pollution extérieure qui s’immisce dans les logements et autres lieux de vie, s’ajoute une flopée d’autres polluants (tabagisme, produits nettoyants, bougies, fumées de cuisson, et on en passe, tant la liste est longue).
Et quand on sait qu’une personne passe environ 85% de son temps entre quatre murs, on commence à entrevoir combien la qualité de l’air est un réel problème, souvent à l’origine de pathologies. À titre indicatif, l’Anses (Agence de sécurité sanitaire) avait estimé que la mauvaise qualité de l’air intérieur avait un surcoût sanitaire approchant les 20 milliards d’euros, chaque année, rien qu’en France !
La réglementation reste cependant embryonnaire en matière de qualité de l’air intérieur. Aujourd’hui, seuls certains établissements recevant du public sont soumis à une surveillance périodique de leur qualité de l’air intérieur. Pour le moment, serait-on tenté d’ajouter.
Plusieurs réglementations veillent à la qualité de l’air intérieur. En voici quelques-unes. Il y a d’abord la surveillance périodique dans certains établissements recevant du public : les écoles, les collèges, les lycées, les crèches, les centres de loisirs… La réglementation leur demande de mettre en place une évaluation des moyens d’aération, ainsi qu’une campagne de mesures menée par un organisme accrédité pour déterminer la concentration dans l’air de différents polluants (formaldéhyde, benzène, CO2 pour évaluer le confinement, et éventuellement perchloréthylène pour les établissements à proximité d’un pressing). Les établissements recevant du public peuvent toutefois se dispenser de ces mesures, lorsqu’ils ont élaboré et mis en œuvre un plan d’actions pour lutter contre la pollution intérieure.
D’autres réglementations veillent également à la qualité de l’air intérieur. C’est le cas par exemple de la réglementation radon qui s’est considérablement étoffée depuis 2018 avec une information à la vente-location dans l’état des risques et pollutions, et un dépistage du gaz radioactif pour les établissements recevant du public, et les locaux de travail situés dans des zones identifiées à risque : 7000 communes à travers 72 départements sont ainsi concernées.
Enfin, la qualité de l’air intérieur passe aussi parfois une mesure d’empoussièrement de l’amiante. Cette mesure, réalisée elle-aussi par un laboratoire accrédité Cofrac, permettra de s’assurer que certains produits et matériaux contenant de l’amiante, repérés dans le DTA, ne se sont pas détériorés pas au fil du temps, et ne libèrent pas des fibres d’amiante. Cette mesure est obligatoire pour certains matériaux (flocages, faux-plafonds, calorifugeages), et fortement recommandée pour d’autres.
Tout dépend de ce que l’on recherche. Si nous sommes dans le cadre de la surveillance périodique imposée par la réglementation (dans un établissement recevant du public), le propriétaire ou l’exploitant doit nécessairement passer par un organisme accrédité. Un opérateur placera des pompes aux endroits les plus pertinents, avant de les relever quelques jours plus tard et transmettre les filtres à un laboratoire d’analyses. Le principe est à peu près le même pour la mesure du gaz radon dans l’air, où le recours à un organisme accrédité ou agréé est également obligatoire.
Chez le particulier, en revanche, aucune mesure n’est aujourd’hui exigée. Rien ne l’empêche cependant de faire appel à un professionnel de la qualité de l’air intérieur. D’autres solutions se sont toutefois développées au fil des années pour proposer des kits de qualité de l’air intérieur. Faciles à mettre en œuvre, puisqu’il s’agit d’un simple boîtier à disposer dans une pièce de vie, ces kits doivent rester en place plusieurs jours voire plusieurs semaines, avant d’être renvoyés à un laboratoire qui recherchera différents polluants de l’air. A minima, on trouve les polluants ciblés par la réglementation dans les établissements recevant du public, mais on trouve aussi souvent d’autres composants toxiques parmi les dizaines et dizaines de polluants recensés dans l’environnement quotidien. Petite précaution toutefois, tous ces kits ne se valent pas : l’association de consommateurs Que Choisir a mis en garde à plusieurs reprises contre l’inutilité de certaines solutions dégotées sur le net. Méfiance donc.
La réglementation reste balbutiante et la surveillance périodique de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant du public se met progressivement en place :
• Depuis le 1er janvier 2018, pour les écoles maternelles, primaires, et les établissements de la petite enfance;
• depuis le 1er janvier 2020 dans les centres de loisir, les collèges,les lycées et autres établissements de formation professionnelle ;
• à compter du 1er janvier 2023, pour les autres établissements.
En l’absence de programme d’actions de prévention, cette surveillance devra être renouvelée tous les sept ans. Sauf si un des polluants mesurés dépassent les valeurs limites fixées par la réglementation : dans ce cas, une nouvelle surveillance sera à réaliser dans les deux ans.
En dehors des établissements recevant du public, ce n’est pas parce que la surveillance n’est pas obligatoire qu’elle ne doit pas être effectuée. Après tout la qualité de l’air intérieur concerne aussi le logement, et elle a tendance à se dégrader un peu plus encore durant la saison froide, lorsqu’on hésite à ouvrir les fenêtres. Tous les spécialistes le disent, aérer son logement ou son bureau, quotidiennement durant un bon quart d’heure, reste le premier réflexe à adopter pour un air sain. Car on sait désormais que de nombreuses pathologies comme l’asthme, les affections cutanées, les maux de tête, ou même une grosse fatigue récurrente, peuvent trouver une explication dans une qualité de l’air détériorée. Moralité, en cas de symptômes répétés, il est pertinent de s’interroger sur l’air que l’on respire chez soi.
On l’a dit, pour le moment, seuls certains établissements recevant du public sont soumis à une surveillance de la qualité de l’air intérieur. Les modalités de cette surveillance ont été définis par plusieurs décrets et arrêtés :
• Décret n° 2012-14 du 5 janvier 2012 relatif à l’évaluation des moyens d’aération et à la mesure des polluants effectuées au titre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur de certains établissements recevant du public ;
• Décret n° 2015-1000 du 17 août 2015 relatif aux modalités de surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public ;
• Décret n° 2015-1926 du 30 décembre 2015 modifiant le décret n° 2012-14 du 5 janvier 2012 relatif à l’évaluation des moyens d’aération et à la mesure des polluants effectuées au titre de la surveillance de la qualité de l’air intérieur de certains établissements recevant du public ;
• Arrêté du 1er juin 2016 relatif aux modalités de surveillance de la qualité de l’air intérieur dans certains établissements recevant du public ;
• Arrêté du 1er juin 2016 relatif aux modalités de présentation du rapport d’évaluation des moyens d’aération.
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