Bonne question ! Avant d’acheter un bien et de s’endetter sur plusieurs générations, il est bon de savoir ce qui se cache sous la maison. Car avec les sécheresses à répétition, le risque de RGA (retrait-gonflement d’argile) ne doit pas être pris à la légère.
Un chiffre pour convaincre. Les experts de la question estiment que 10,4 millions de maisons sont concernées par ce risque de RGA (retrait gonflement d’argile), plus d’une maison sur deux en France métropolitaine ! Le phénomène est connu de longue date : avec la sécheresse, les argiles du sol se rétractent, avant de gonfler lorsqu’il pleuvra quelques semaines plus tard. À force, ce mouvement de terrain peut causer de sérieux dommages dans l’habitat, le plus souvent des fissures.
Autant dire qu’avec le réchauffement climatique, ce risque inquiète les assureurs. Pour se faire une idée, la sécheresse de 2022 devrait leur coûter entre 1,9 milliard et 2,8 milliards d’euros. Et comme on est loin d’en avoir fini avec les sécheresses (paraît-il), l’addition risque d’être de plus en plus salée. Et encore, on ne parle que des sinistres indemnisés au titre des catastrophes naturelles. À titre d’exemple, en 2018 (une autre année de sécheresse), 4.070 communes avaient été reconnues en état de catastrophe naturelle (pour 43.216 bâtiments concernés) mais 1.747 communes (15.255 bâtiments) avaient été recalées.
Devant l’ampleur prise par le phénomène de RGA, le gouvernement a d’ailleurs publié une ordonnance ce 9 février pour faciliter la prise en charge des désordres causés par ces phénomènes naturels. Histoire de mieux accompagner les propriétaires sinistrés.
Où s’informer ?
Une meilleure reconnaissance des sinistres c’est bien, mais est-ce qu’il existe quelque chose en matière de prévention et d’information ? Le législateur y travaille. Depuis 2020, en cas de vente de terrain ou de construction neuve, il faut impérativement réaliser une étude géotechnique. On a fait un grand pas : avant, France Assureurs (la fédération française de l’assurance) estimait que 20.000 à 30.000 maisons étaient construites chaque année sur des zones argileuses, sans fondations adaptées.
Et dans le bâti ancien ? Malheureusement, à ce jour il n’existe aucune information obligatoire. Bien sûr, avec l’état des risques et pollutions (l’ERP à fournir désormais dès la première visite d’un bien, on le rappelle au passage), l’acquéreur/locataire peut savoir si la commune a déjà été concernée par un arrêté de catastrophe naturelle par le passé, mais il ne saura pas si son bien se trouve sur des terres argileuses.
À lui de se renseigner. Une nouvelle cartographie du risque argile est disponible depuis 2020 sur le site infoterre du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) : jaune = exposition faible, orange = exposition moyenne, et rouge = exposition forte. Quiconque peut désormais savoir si son bien se trouve dans une zone argile. Cela ne veut pas dire que la maison va se fissurer à la prochaine sécheresse, mais cela permet de se faire une idée…