Qu’on se le dise, la mérule comme tout autre agent de dégradation du bois, ne se soucie pas vraiment des limites de propriété. En immeuble collectif ou en maison individuelle, mieux vaut donc redoubler de vigilance si vous avez connaissance d’une infestation chez votre cher voisin. Mais ça ne signifie pas pour autant que le champignon va automatiquement se développer dans votre salon ou ailleurs. Heureusement.
Spores sans frontières
Comme n’importe quel champignon, la mérule pleureuse dégage des spores qui voyagent aisément avec le vent ou les animaux par exemple. D’ailleurs, il y a fort à parier que les spores sont déjà chez vous. Non, vous ne les voyez pas -la taille d’une spore est de l’ordre du micromètre-, mais elles sont bien présentes : une seule mérule est capable de produire plusieurs milliards de spores, alors ce serait bien un miracle que quelques-unes n’aient pas fini chez vous.
Pas de panique, en réalité les spores de mérule sont déjà présentes un peu partout en France et pas seulement dans le quart Nord-Ouest (Bretagne, Normandie, Hauts-de-France) comme on l’imagine souvent. Et ce n’est pas pour autant que tous les immeubles de France et de Navarre sont infestés par la mérule.
Que les spores de mérule aient atterri chez vous ne signifie pas qu’un champignon va automatiquement éclore du jour au lendemain et grignoter tous les bois. Si la maison ou l’immeuble a été correctement construit, si aucune fuite n’a été relevée, et si le bien est correctement ventilé, il y a même très très peu de chance pour que cela arrive un jour.
Les exigences de la mérule
Car pour que ses inoffensives spores se mettent à germer, la mérule a besoin de conditions bien particulières. D’abord, elle réclame de l’humidité. Beaucoup d’humidité, tellement d’humidité que dans des conditions normales, c’est impossible : à l’origine d’une mérule, il existe toujours une fuite ou une malfaçon dans la construction du bâtiment.
Deuxièmement, si le champignon apprécie l’eau, il déteste en revanche les courants d’air. Il va donc se développer en priorité dans des endroits clos et non ventilés. Un exemple bien connu est celui des doublages réalisés en rénovation dans des maisons anciennes : lorsque les travaux sont mal réalisés, sans une lame d’air entre le mur et l’isolant, les conditions deviennent propices au développement du champignon.
Enfin, la mérule souvent invisible à l’œil nu, se développe sans bruit. Lorsqu’elle apparaît, l’infestation est déjà présente depuis un bout de temps et a déjà eu le temps de faire de sérieux dégâts. Si la mérule reste sagement tapie dans l’ombre, elle laisse cependant quelques précieux indices derrière elle qui ne doivent pas échapper à un état parasitaire réalisé par un professionnel.